Déjà un moment que je guette le lever du jour à travers les persiennes, j'entends les oiseaux qui chantent je pense qu'il ne doit pas être loin de huit heures. Dans le lit matrimonial voisin, nous dormons dans la même chambre le bungalow de la résidence secondaire étant minuscule, j'entends le murmure des voix de papy et mamy. Comme d'habitude mamy est la première à se lever, direction la cuisine, j'entends le bruit caractéristique des anneaux du rideau glisser sur le rail de la tringle, bruits de casserole, l'eau qui coule. Une demi seconde m'aura été nécessaire pour prendre sa place encore chaude dans le lit, à gauche toujours. J'embrasse papy: " t'as bien dormi?" Il me répondra "non" comme toujours rêve ou cauchemar lui même ne sait pas, toutes les nuits il ferraille dans son atelier et rien ne fonctionne correctement, le souci du détail. La fragrance du café met nos sens en éveil, café filtre arabica avec un peu de chicorée, à cet âge je n'aime pas le café encore, mais le p'tit jus partagé avec mes grands parents je l'apprécie plus que tout. Elle apporte sur un plateau les trois bols avec seulement quelques centilitres. Elle s'assoit au coin du lit, papy et moi nous nous redressons, moment de dégustation, de bonheur. Cinq minutes pas plus suffiront à vider nos bols, puis elle s'en retourne pour préparer le petit déjeuner où le café sera encore présent en plus grande quantité avec du lait. Blotti sur sa poitrine j'entends battre son coeur et j'ai peur qu'il ne s'arrête, papy reprend la suite de l'histoire de Pierrot commencée la veille, puis la veille, puis la veille et ce depuis plusieurs années... Le coeur s'est arrêté, le rituel aussi.
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